Ca tourne pas rond là haut
La nouvelle a déjà fait le tour de la planète, je ne vous apprendrai donc rien sur l’arrestation de DSK à l’aéroport de New York samedi soir. No comment sur le fond de l’affaire.
Néanmoins la lecture des journaux sur cette nouvelle, via le net, est assez édifiante, je trouve, du monde dans lequel on vit actuellement. Le nez dans le guidon, on pédale, on pédale, on n’analyse plus rien, on nous livre des « infos » qu’on avale au fur et à mesure qu’elles sortent (inutile de critiquer « fox news » ici, on a désormais la même presse chez nous aussi).
Je trouve moche que les médias français crient à l’outrage et quelque part montent l’opinion française contre les américains. Il ne faudrait pas oublier que ce n’est pas un gros défaut que d’avoir un système judiciaire différent de notre pays. Il aurait été plus intelligent d’essayer de le comprendre... Ici c’est un système accusatoire, où vous êtes accusés, à vous de faire la preuve de votre innocence (chez nous c’est l’inverse, vous êtes présumé innocent, au ministère public d’apporter les éléments de votre culpabilité). Mais ne soyons pas hypocrites. Malgré ce que les politiques et autres bien pensants affirment, il est inutile de se mettre la présomption d’innocence en banière sur la poitrine, chez nous elle n’existe que dans le code pénal, pas dans la réalité, pas dans les faits. Les enquêtes sont menées selon les convictions des enquêteurs (et s’ils sont convaincus de votre culpabilité ce sera partialement et à charge). Un juge d’instruction, sur sa seule intime conviction, peut vous placer en détention (dommage s’il se trompe). Le secret de l’instruction ne tient pas plus, il existe toujours des sources «proches de l’enquête» pour informer habilement la presse, selon leur vision de l’affaire, bien sur.
Côté média : recul zéro, investigation journalistique zéro, analyse triple zéro.
Et on fait de «l’information» avec rien ! C’est ce que je trouve le plus navrant. Car quand un journaliste écrit « on ne sait pas si DSK a acheté son billet d’avion de longue date ou si c’était un achat de dernière minute», il avoue clairement qu’en fait qu’il n’en sait rien… mais sans rougir ni siller, droit dans ses bottes, vous suggère qu’il se serait enfui ! C’est tout de suite plus croustillant, non ? Quand un autre mentionne «les enquêteurs auraient retrouvé dans sa chambre d’hôtel son téléphone portable, indice d’un départ précipité»… Là encore on n’en sait rien, mais on vous suggère la conclusion, c’est tellement mieux. Merveilleux.
Coluche aurait adoré. Il aurait surtout redit, comme dans son sketch «quand un journaliste n’en sais pas plus que ça, il devrait être autorisé à fermer sa gueule».