Il est où l’esprit de Noël là ?
C’est généralement la veille de Noël que l’on va faire nos courses au supermarché pour préparer le repas du réveillon. Je sais, c’est de la folie, mais en même temps, on ne peut pas acheter les produits frais une semaine à l’avance !
Et à chaque fois, c’est un vrai choc pour nous. On devrait le savoir, y être habitués ( ?), mais non, ça nous surprend encore.
Les choses sérieuses commencent dès… le kilomètre moins un du supermarché ! A l’approche du parking, on sent déjà la tension qui monte. Toutes les voitures sont pare-chocs contre pare-chocs, tous les conducteurs espèrent trouver LA route qui va leur faire gagner… peuff… 3 minutes ? Et pour cela, bien sur, on ne respecte plus tout à fait ni la politesse, ni le code de la route, ni même le bon sens :
- Quoi on ne passe pas au feu rouge ? Mais j’avais déjà une roue engagée ? Ca ne compte pas ça ?
- Où ça un stop ???? Hein ? Vous dites que je ne me suis pas arrêté ? Vous m’étonnez là… Je ne l’ai peut-être pas trop marqué le stop, voui, un peu glissé, d’accord, mais seulement légèrement, alors ça ne compte pas.
- Ah désolé, je n’avais pas vu que la contre allée n’était pas une route parallèle… Mais bon, là j’y suis, alors ça ne vous dérange pas si je me glisse dans la file… NON, devant vous, pas derrière, je préfère, non parce que derrière, ça m’intéresse moins, voilà. Vous êtes gentils vous (un peu C**, oui !).
- Non, non, ça ne me dérange pas de m’engager sur le rond-point, alors que toute la file est bloquée… Ben non, je ne vois pas que je bloque tout le monde, d’ailleurs je ne vous regarde même pas, alors, c’est vous dire comme je ne vous vois pas !
- Ah, oui, je vois bien que vous voulez aller juste en face, mais va falloir attendre, ben oui pour rien, pourquoi ça vous pose un problème ?
Là, la marseillaise qui sommeille toujours en moi se réveille. Je ne conduis plus, je pilote ! Non, le mot n’est pas trop fort, car quand on est obligé de conduire sur les freins, on ne peut pas dire autre chose.
Jusqu’à ce qu’on trouve une place… Une demi-heure plus tard, et trois manœuvres pour rentrer dans mon trou de souris (la vache, elles étaient déjà si petites que ça les places de parking, avant qu’on parte ?)
Avec Laurent, nous n’avons pas pu nous empêcher de penser aux Etats-Unis, où la voiture est reine, et où le stationnement n’est vraiment pas un problème. Quand je fais mes courses, là bas, avec mon tank (non, pas un vrai, c’est juste une familiale, mais à taille américaine, un peu plus gros et large que celles que l’on connaissait en France, voilà tout), je peux le garer PRES de l’entrée du magasin, et en marche avant, et sans manœuvre. On se demandait ce que penseraient nos copains américains quand ils verraient ça ? On n’imagine pas en revanche leur confier le volant de notre petit véhicule français, même pour tenter l’expérience… Ils vont avoir les yeux grands ouverts et tout ronds ! Mais comment vous faîtes ??? C’est sur.
Après avoir essuyé une petite marche sous la pluie (mais c’est si… rafraichissant !), à louvoyer avec notre caddie (lui aussi rafraichit par la fine averse) entre les allées et les voitures, dont les conducteurs continuent toujours à chercher désespérément une place pour se stationner, nous atteignons enfin le Graal : l’hypermarché !!!
En revanche, à l’intérieur, les choses ne changent pas. C’est caddie contre caddie, on avance au pas et sans sourire. Ah, il peut bien essayer d’apporter un brin de bonne humeur ou de musique, l’animateur peine à se faire entendre. Il faut continuer à la jouer stratégique : on décide donc de commencer par la partie « nourriture » du magasin, pour que l’on puisse finir par la partie « culture », moins fréquentée. Et toujours avec nos habitudes « américaines », on sourit, on s’excuse quand on veut passer, on fait attention de ne bousculer personne. Nous nous amusons de voir l’air surpris des gens… J’hésite à traduire leurs conclusions à notre sujet : soit ils devaient penser que nous étions les « ravis de la crèche », comme on dit en Provence, soit ils devaient penser « ah oui, tiens, avec un brin de politesse, ça ne change rien au monde mais la vie est plus agréable ». C’est déjà beaucoup, non ?
Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là en France. Enfin, dans notre région tout au moins. C’est la bagarre perpétuelle dès que tu sors de chez toi. Incroyable.
Bon, ben les enfants, nous, notre décision est prise, nous continuerons à accrocher nos sourires de ravis ! N’en déplaisent aux autres scrogneugneux orageux…