On ne sait jamais, sur un malentendu… !

Il faut bien reconnaître que majoritairement les américains sont adorables ! (bon, quand ils sont bourrins en revanche, ils le sont à fond aussi. Oups. PPPC*).

L’école avait prévu un tuteur dans chaque classe (un autre petit camarade) avec pour mission de les aider tout au long de la journée (à s’orienter lors des changements de classe, pour les devoirs s’assurer qu’ils sortent les bonnes affaires, etc). Arnaud devait avoir un certain Nikkil, mais le garçon ne semblait pas très «actif» dans son rôle. Cole l’a remplacé plus efficacement ! Et Arnaud s’est en plus fait un autre copain Alex (va falloir vous familiariser avec les prénoms, comme nous d’ailleurs !). Super. 

Pour Chloé, ce devait être Katherine, mais même chose que pour Arnaud, pas très concernée. En revanche la petite Kennedy (vous apprécierez comme nous le prénom) a été très touchée par la peine de notre poupette et ses difficultés à comprendre ce que l'on disait. Elle l’a donc prise en charge ! 

Vendredi après-midi. A la sortie, je discute de la journée avec les profs quand une des mamans me dit :

- Vous êtes la maman de Chloé ?

- Oui.

- Bonjour, je suis la maman de Kennedy.

- Ah bonjour, merci beaucoup pour l’aide de votre petite fille. Elle est franchement adorable (elle l’est vraiment : son papa parlant un peu le français, elle lui avait demandé de traduire certaines phrases français/anglais, pour que la maîtresse communique plus facilement avec Chloé, ce que le papa a fait).

Kennedy arrive. Je la remercie à nouveau pour son aide, et j’attends les enfants. Puis Kennedy et sa maman reviennent et me disent :

- Nous allons voir le film « Hight School Musical 2 » ce soir. Est-ce que Chloé veux venir le voir aussi ?

- Je demande ... Oui Chloé est d’accord !

Mais comme je craignais que la soirée ne tourne au vinaigre quand elle réaliserait que personne ne parle français, j’ajoute :

- Mais si cela ne vous dérange pas, nous l’accompagnerons pour être sûr qu’elle ne pleure pas.

- Vous êtes les bienvenus. Le film est à 19h00. Voici notre adresse et l’on dit à 18h30 à la maison ?

- Parfait.

On rentre, j’essaye de joindre Laurent, évidemment injoignable. Juste aujourd’hui ! Et juste aujourd’hui il ne rentrera pas de bonne heure. Evidemment. 18h15, on décide de partir sans lui. Finalement, ouf il arrive ! Je lui fais un rapide topo, lui colle un sandwich dans les mains et on fonce chez Kennedy. 

A l’arrivée, nous voyons bien avec Laurent qu’il y a d’autres gamins mais je me dis, après tout elle peut bien inviter au cinéma d’autres enfants. En revanche, quand nous sommes rentrés dans la maison, le doute ne fut plus permis. Ils allaient regarder le film à la maison. OUPS ! 

Bon, pas de panique, on se reconfigure. OK, on laisse Chloé avec sa copine (toujours aussi gentille qui profite de cette soirée pour lui présenter ses autres amies), on fonce manger dans un restau, et on revient ensuite chercher Chloé. Arnaud commençait à faire la tête, il venait de comprendre que pour lui le ciné c’était rapé !

Katie, la maman commence à faire manger les gamins : il y avait pleins de trucs qu’ils adorent ! Sauf que la mienne ne touche pas son assiette. 

- Chloé (et avec un grand sourire, je lui dis) tu fais un effort S’IL TE PLAIT ! 

- Mais maman ... On est obligé de manger avec les doigts ?

- ???

Et voilà ce que c’est, tu passes ton temps à leur répéter les choses, et juste là, au moment où ils peuvent faire ce qu'ils font toujours, manger avec les doigts, au moment où ils sont autorisés à se lâcher franchement … Et bien ils se rappellent de toutes les bonnes manières ! 

Ben oui. Ma fille a mangé ses nuggets et autre trucs avec une fourchette. La "French touch", that’s all ! On reste digne. On sourit, on sourit. Dans l’intervalle je me suis confondue en excuses avec les parents, leur expliquant mon erreur (le film … je croyais que c’était au cinéma ... Je n’avais pas compris que c’était à la maison … So so sorry ... We apologize! … l’occasion était trop belle de ne pas le caser !).

En plus on s’était franchement invité chez eux. Donc je propose de laisser Chloé, d’autant qu’il y avait un autre couple d’ami qui devait rester manger avec eux, et de revenir la chercher après le film, pour réparer ma boulette. Et bien là miracle : Chloé qui pleure parce qu’elle ne comprend pas ce que la maîtresse dit en classe, à parfaitement compris que nous allions partir !

Je résume : Chloé qui pleure parce qu’elle ne veut pas que l’on parte, et Arnaud de son côté qui pleure aussi, aussi, parce qu’il n’a pas goûté aux nuggets, et qu’en plus il ne verra pas le film.

GROS MOMENTS DE SOLITUDE

Les parents de Kennedy nous ont dit que l’on pouvait rester sans problème, que le fait qu’il y est leurs amis, n’était pas un problème et qu’elle était désolée elle aussi de ne pas m’avoir précisé pour le film que c’était à la maison. Plus charmants ce serait difficile. On décide de rester. Et l’on passe à table (le DVD ayant bien été branché à 19h00).

Alors là, en fait, contrairement à chez nous, nous avons d'abord fait une étape dans la cuisine. Différents plats ont préparé et l’on s'est servi soi même avant de rejoindre la table. 

A les boulets. Premier truc avec Laurent : nous n'avons pas compris que c’était des sandwichs. Nous avons pris le pain, puis nous avons mis la viande, les légumes, etc, le tout côte à côte, pour nous rendre finalement compte de notre boulette et revenir à la case cuisine, pour rouvrir le pain, remettre tout ce que l’on avait choisit dedans et revenir à table… 

Mais il y avait aussi des maïs ! Que Laurent a attaqué généreusement. Là Katie a dit quelque chose à son mari. J’ai juste eu le temps d’attraper le mot "grâces" et de comprendre que c’était une prière. Tout le monde a piqué du nez vers son assiette, en croisant les mains. Sauf Laurent et moi ... 

Laurent est resté immuable, le "sweet corn" en l’air entre ses mains, la bouchée de grains de maïs en stand by dans un coin de sa bouche mais formant une magnifique boule dans sa joue, et me regardant d’un air interrogatif … Je bouge ? Je bouge plus ?

Moi je me suis dite : surtout, SURTOUT il ne faut pas rire. Pas là et pas maintenant !!! Mais franchement j’en avais très envie !

Comme nous vous disions que c’était des gens charmants, ils n’ont fait aucun commentaire et nous avons repris le cours du repas après comme si de rien n’était. On espère quand même que malgré notre entrée en matière que nous n’avons pas fait trop mauvaise impression. Nous avons au demeurant passé une soirée délicieuse en leur compagnie et celle de leurs amis.

 *pensée politiquement pas correcte